Tandis qu’une partie de la Bolivie a enduré, durant quatre mois, la sécheresse la plus dure enregistrée ces 20 dernières années, laissant 30 000 familles affectées et 250 000 hectares de cultures détruits (5 départements ont été sévèrement frappés par ce cruel manque d’eau), le gouvernement national de Bolivie n’a pour autant délaissé le voisin vénézuélien. A ce titre, les autorités boliviennes ont envoyé plus de 50 t d’aide humanitaire en raison des inondations qui frappent violemment, depuis plusieurs semaines, le pays, une catastrophe naturelle qui a laissé 70 000 sinistrés et 30 morts.
Le ministre de la Défense, Rubén Saavedra, avait fait le déplacement à Cochabamba, le 3 décembre, dans le but de voyager avec l’avion de Transport Aérien Bolivien (TAB) afin d’apporter personnellement l’aide humanitaire sur le territoire vénézuélien. Il a déclaré qu’il s’agissait d’un geste de réciprocité puisque la Bolivie a reçu le soutien de différents pays lorsque son peuple a lui-même souffert des intempéries.
La Bolivie a été le premier pays à envoyer une aide au Venezuela après qu’elle ait eu connaissance que des centaines de personnes avaient besoin d’aliments et d’autres éléments de première nécessité. En effet, les pluies torrentielles qui s’abattent sur le pays ont causé les crues de fleuves et rivières, des glissements de terrain, et elles ont aussi provoqué de nombreuses destructions (maisons, infrastructures…).
Saavedra a précisé que le premier envoi comprenait 30 t de riz, 5 t d’eau, 5 t de lait en poudre, 3 t de rations alimentaires lyophilisées, 3 t d’articles de première nécessité dont des matelas soit un total de 55 t. L’ambassadrice du Venezuela, Cris Gonzales, a déclaré que l’aide « allait aider une grande partie de la population frappée par ce désastre, conséquence directe du changement climatique ». Selon un dernier bilan officiel des autorités vénézuéliennes, le bilan est de 133 200 personnes affectées par les inondations et les crues, ce sont 34 199 familles qui sont hébergées dans des centres d’accueil d’urgence.
Ironie du sort, après avoir affronté une terrible sécheresse imputée elle aussi au phénomène climatique « La Niña », la Bolivie commence à endurer à son tour, ces pluies diluviennes.
Après une longue période de sécheresse qui a eu des conséquences désastreuses sur l’élevage et sur l’agriculture surtout dans la région du Chaco, la Bolivie va devoir affronter les conséquences dramatiques liées aux inondations dues à l’activité de « La Niña ».
À ce titre, le gouvernement bolivien, a débloqué une aide de 20 millions de dollars pour affronter les désastres naturels survenus dans le pays depuis plusieurs mois, a déclaré le vice-ministre de la Défense Civile, Hernán Tuco. « Dès le mois de septembre nous avons mis en place un plan d’ajustement des urgences nationales dont le but est d’orienter le plan d’action de réduction des risques et apporter ainsi une attention toute particulière tant d’un point de vue national, départemental et municipal ».
Le rapport de l’institut météorologique bolivien, le Senamhi, a confirmé la présence du phénomène de ‘la Niña 2010-2011’, qui peut se caractériser par une période prolongée de sécheresse mais aussi par une phase de pluies intenses, cette phase apparaît le plus souvent pendant la seconde quinzaine du mois de janvier, en février, et en mars, elle risque d’affecter 44 municipalités boliviennes considérées comme les plus vulnérables, a ajouté le vice-ministre.
« La Niña » engendre des fortes précipitations et les effets sont dès lors multiples : inondations, glissements de terrain, crue des fleuves et rivières, destruction des infrastructures, sans compter les possibles pertes humaines…
Selon les premières prévisions, ce phénomène devrait atteindre sept départements boliviens. Les populations évoluant à proximité des rivières devraient être les premières touchées parmi lesquelles les communautés l’Amazonie et la Plata d’autant qu’il s’agit de populations pauvres, vulnérables, particulièrement dépendante des aléas météorologiques.
Ce sont près de 110 540 familles qui pourraient souffrir de l’impact de ces pluies en fragilisant ainsi leur mode de vie, et en mettant en danger leurs principales sources de revenus que constituent les activités de pêche, d’élevage, et d’exploitation agricole.
Le 15 décembre, ces pluies torrentielles ont déjà coûté la vie à trois personnes alors que trois autres sont toujours portées disparues. Le vice-ministre de la défense civile a signalé lors d’une conférence de presse qu’une petite fille était également décédée dans la zone du Chapare, dans le département central de Cochabamba. Cinq autres personnes seraient portées disparues dans ce même département dont un agent de sécurité et un ouvrier du bâtiment qui ont été emportés par une coulée de boue.
Le vice-ministre a ajouté que la Bolivie se trouvait en alerte orange et que les fonds avaient été débloqués préventivement afin de venir en aide aux 100 000 familles qui risquent d’être directement touchées par ce déluge d’eau.
La distribution des précipitations durant le mois de décembre 2010 a été très inégale, elle s’est caractérisée par des pluies très insuffisantes dans le Chaco, les secteurs situés au nord et au centre de l’Altiplano, la province Velasco du Département de Santa Cruz et la province Itenez du Département del Beni. Le Centre d’Information des Nations-Unis en Bolivie a par ailleurs confirmé aujourd’hui, dimanche 19 décembre, que l’ONU allait débloquer une aide de 2 002 521 millions de dollars pour palier aux effets dévastateurs de la sécheresse dans la Chaco bolivien. Selon les dernières informations, les premières pluies sont attendues pour demain (20 décembre) dans cette région.
A contrario, les pluies sont tombées de façon excessive à Cochabamba, dans les Vallées et dans le sud-ouest du département de Potosí.
Pour le début 2011, les craintes de débordements fluviaux dues à ses fortes précipitations se portent sur Yapacani qui traverse le département de Santa Cruz ; Ichilo qui parcourt les départements de Santa Cruz et de Cochabamba ; mais aussi le río Grande qui s’écoule essentiellement dans le Santa Cruz, même s’il fait quelques incursions dans les départements frontaliers de Chuquisaca et de Cochabamba.
Les alertes émises par le Senamhi (Service National de Météorologie et d’Hydrologie) pour le mois de janvier et de février 2011 concernent essentiellement les zones situées dans le sud du pays (les départements de Potosí, Chuquisaca et de Tarija). Du côté de l’Altiplano, les prévisionnistes craignent le débordement des fleuves Coroico et La Paz.