Le gouvernement du Guatemala a décrété ce dimanche « l’état de siège » dans le département de Alta Verapaz, (dans le nord du pays, à 200 km de la capitale, et à la frontière mexicaine) afin de lutter contre l’impunité qui règne dans la région dominée par les narcotrafiquants mexicains.
Après une enquête du gouvernement qui a mis en évidence une importante marge d’action des trafiquants de drogue appartenant au cartel mexicain Los Zetas dans ce département, les autorités ont pris la décision de décréter « l’état de siège » selon une déclaration effectuée par le secrétaire rattaché à la Communication de la Présidence, Ronaldo Robles. Los Zetas sont un groupe armé illégal, d’une rare violence, intégré dans sa grande majorité par des tueurs à gages mexicains et des anciens militaires guatémaltèques, ils « ont pris le contrôle » de Alta Verapaz depuis plus d’un an et maintiennent la population locale dans une angoisse permanente a assuré Robles.
Même si les autorités ne connaissent pas exactement le nombre d’individus qui intègrent ce groupe criminel, elles assurent que des dizaines d’anciens militaires de l’unité d’élite « Kaibil » de l’armée guatémaltèque ont intégré l’organisation.
« Les villes de Cobán et Carcha, principalement, sont utilisées par Los Zetas pour diriger des opérations délictueuses à travers tout le pays et pour préparer la drogue au transport », a-t-il ajouté.
En plus d’une enquête menée par les autorités administratives, la justice mexicaine a arrêté six guatémaltèques membres du groupe Los Zetas en septembre, quatre d’entre eux ont alors révélé avoir été manipulés par cette bande criminelle afin qu’ils s’adonnent à des actes délictueux avec « la promesse de pouvoir gagner les États-Unis ».
Face à cette recrudescence de la criminalité organisée, l’état de siège a été proclamé et « restera en vigueur pendant 30 jours » ou pour une durée plus longue, si nécessaire, afin que « le rétablissement de l’état de droit dans ce département livré au banditisme puisse avoir lieu », ont soutenu les autorités guatémaltèques.
L’état de siège s’inscrit dans le cadre de la Loi d’ordre public du Guatemala et permet au gouvernement de suspendre les garanties constitutionnelles dans la zone géographique où ce statut est déclaré.
En accord avec cette promulgation, le gouvernement a déployé dans tout le département des contingents de militaires et des agents du PNC (Police Nationale Civile). Environ 500 représentants des forces armées et policières ont été dépêchées à Alta Verapaz pour se livrer à la pacification du territoire, et à ce titre, se lancer à la recherche et à l’arrestation des criminels. Les forces de sécurité s’adonnent à de nombreuses fouilles de maisons dans les municipalités de Cobán, San Juan Chamelco et San Pedro Carchá afin de débusquer les criminels, et ils ont installé également différents check point sur les principales routes qui traversent le pays.
Au moyen d’un communiqué, le pouvoir exécutif a informé les citoyens de Alta Verapaz que les forces de sécurité pourraient « repousser ou réprimer n’importe quelle action individuelle ou collective » de groupes qui tendraient à s’opposer à la récupération du contrôle de l’État sur ce territoire.
Les Zetas, ancien bras droit du cartel mexicain du Golfe du Mexique, possède un champ d’action qui comprend l’est et le sud du Mexique (à la frontière avec le Guatemala), ce qui affecte profondément le pays voisin. Dans ce contexte de tension, Álvaro Colom, le président de la république, a appelé la population au calme et à la coopération, une demande qui a été réitérée en soirée par le ministre de l’Intérieur, Carlos Menocal, et par celui de la Défense, Abraham Valenzuela, à l’occasion d’une conférence de presse » Que la population ne s’alarme pas : nous venons pour effectuer notre travail et arrêter les délinquants ou groupes organisés qui baignent dans le crime organisé » a déclaré Menocal.
Pour le criminologue et universitaire David Martínez Amador, le gouvernement a réagi à des démonstrations de force que les Zetas ont réalisé, cependant il considère que ces opérations de sécurisation ne serviront à rien si « la police continue à être corrompue, si le système judiciaire reste faible et le nombre de prisons insuffisant ».
« L’état de siège » arrive tout de suite après « l’état de guerre » en terme de niveau de gravité, « lorsqu’il est en vigueur, les autorités et entités d’état se doivent prêter main-forte aux forces militaires et coopérer en fonction de leurs exigences ».
Cobán, capitale du département de Alta Verapaz, est parfois présentée comme « la capitale du narcotrafic au Guatemala ». Au mois de novembre dernier, la presse locale avait informé que des armes qui avaient été saisies aux membres de Los Zetas faisaient pari d’un arsenal dérobé à l’armée du Guatemala en 2007. Un colonel avait été alors arrêté tandis que le journaliste qui avait dévoilé l’information s’était vu menacé de mort.
Une source anonyme a confié à la EFE que les Zetas « ont fait de cette région le centre de leurs opérations », « ils parcourent la région en voitures tout terrain, fortement armés. Ils séquestrent et violent les femmes et contraignent les jeunes paysans à travailler pour eux ».
La situation géographique du Guatemala, proche du Mexique, a fait de ce département l’un des bastions du trafic de drogue depuis maintenant plusieurs années, la drogue transite ainsi par le Mexique, le Honduras jusqu’aux États-Unis.