Le nombre de cadavres découverts dans des fosses clandestines dans le nord-est du Mexique s’élève désormais à 127, ce sont déjà 116 corps qui avaient été mis à jour la semaine dernière dans l’État de Tamaulipas, tandis que 11 nouvelles victimes ont été découvertes ce mardi (12 avril) à Sinaloa, selon des informations émises par les autorités mexicaines.
« À l’heure actuelle, nous confirmons avoir trouvé plus de 120 dépouilles, des victimes assassinées par des groupes criminels, des meutres en grande partie imputables à la bande criminelle appelée « los Zetas » dans la municipalité de San Fernando à Tamaulipas », a déclaré la Procureure Générale de la République (PGR), Marisela Morales, lors d’une allocution accordée à la presse. La police a localisé, hier mardi, 11 nouveaux cadavres répartis dans cinq fosses situées sur une propriété foncière de Sinaloa, un État fédéral situé dans le nord-est de Mexico « Après 10 heures de recherche sur la zone, nous avons retrouvé 11 dépouilles, parmi lesquelles deux corps de femme » a déclaré un fonctionnaire de Sinaloa.
Le cartel de narcotrafiquants « los Zetas », est le premier groupe criminel dans la ligne de mire de la justice, il est considéré comme l’un des plus dangereux du Mexique et d’Amérique Central, comme l’a souligné Marisela Morales. Sur la propriété où les 11 corps ont été retrouvés, il y a une maison abandonnée qui aurait servi, selon toute vraisemblance, de lieu de torture, et dans laquelle on aurait retrouvé des messages attribués à la bande criminelle en question mais aussi à ceux des frères Beltrán Leyva, selon des sources officielles.
L’organisation de « los Zetas » comprend des anciens militaires des forces d’élite qui ont déserté pour travailler dans les années 90 comme tueurs à gages au service du cartel du Golfe, aujourd’hui ils s’affrontent à leurs anciens chefs et ont recours à l’enlèvement de migrants, parmi d’autres actes délictueux, pour financer leur groupe illégal, selon les autorités.
Morales a signalé que 17 personnes ont été arrêtées depuis le lancement d’opérations policières menées sur place après que des passagers d’un bus aient dénoncé l’enlèvement de certains d’entre eux alors qu’ils se trouvaient sur une route d’altitude, à San Fernando, une importante municipalité de plus de 6000 km2. Les premiers cadavres ont été retrouvés le 1er avril. Pour sa part, le président Felipe Calderón a révélé que parmi les 17 ‘présumés coupables’, figurait un jeune homme de 19 ans qui aurait avoué l’assassinat de 200 personnes.
San Fernando est à la croisée des chemins, une route fréquemment empruntée par des milliers d’immigrants d’Amérique centrale, du Mexique et d’Amérique du Sud qui tentent chaque année de passer la frontière les États-Unis. Deux routes importantes qui permettent d’atteindre des villes frontières avec le Texas (à savoir Reynosa et Matamoros) passent par la municipalité de San Fernando. Dans cette même zone, les corps de 72 émigrants en provenance du Salvador, de l’Honduras, de l’Équateur et du Brésil avaient été découverts en août dernier, des assassinats imputés à los Zetas. Des dizaines de familles dont un proche avait disparu, ces derniers mois dans l’État de Tamaulipas, effectuent depuis quelques jours, des recherches auprès du service de Médecine Légale de Matamoros pour identifier les corps retrouvés et peut-être ainsi retrouver l’un des leurs…
La procureure a affirmé que plus de 30 médecins légistes travaillent actuellement sur l’identification des corps retrouvés et ainsi enterrés dans des fosses clandestines réparties en différents points de San Fernando, municipalité qui se trouve à environ 160 km de la frontière avec les États-Unis. Selon des chiffres officiels, six autobus ont été attaqués par des hommes armés et plusieurs passagers séquestrés durant l’année, des chiffres qui selon les habitants seraient bien plus élevés.
Ces enlèvements fréquents surviennent dans une zone qui est censée être surveillée de près par les forces de sécurité, de fait beaucoup parmi la population s’interrogent sur l’efficacité des forces de l’ordre et sur la capacité de l’Etat à assurer la protection des citoyens mexicains. En 2009, Tamaulipas a enregistré 90 morts imputables au crime organisé, un chiffre qui a atteint les 1200 victimes en 2010, selon des chiffres émis par le gouvernement fédéral.
Le ministre de l’Intérieur, Francisco Blake Mora, a assuré les habitants de la zone qu’il allait déployer des soldats et des policiers fédéraux afin de sécuriser la zone et procéder à l’arrestation des criminels impliqués dans ces massacres.
Face à cette recrudescence de la criminalité, certains se demandent si Tamaulipas ne risque pas de connaître le même dessein que la si tristement célèbre ville de Ciudad Juárez, un nom qui sonne comme un aveu d’échec de la politique sécuritaire menée par les autorités en place… Un parallèle que le journal en ligne « La Informacion » n’hésite pas à faire en titrant » Tamaulipas, ¿un nuevo Ciudad Juárez en México?