Les inondations provoquées par les pluies torrentielles qui s’abattent depuis une dizaine de jours en Amérique centrale ont fait plus d’une centaine de victimes et au moins 700 000 sinistrés. Au Nicaragua, 13 personnes sont décédées suite à ces intempéries aussi brutales qu’inattendues faisant également 27 858 familles sinistrées, au Guatemala se sont 38 personnes qui ont perdu la vie, au Salvador 34 victimes sont à déplorer tandis que le Honduras fait état de 18 victimes mortelles et de 40 000 sinistrés.
Au Salvador, des rapports préliminaires signalent que 10 % du territoire est totalement inondé, et que 70 % des municipalités sont victimes des conséquences de ces fortes précipitations, parmi les 56 000 individus évacués, 65 % d’entre eux ont trouvé refuge au sein des 638 hébergements mis à la disposition de la population sinistrée. Ce sont 19 592 personnes qui ont été évacuées face au risque de glissement de terrain qui s’accroît au fil des heures tandis que le 36 384 aux personnes ont été contraintes d’abandonner leur foyer au vu des dégâts matériels occasionnés par les inondations. Le Salvador dans un dernier rapport a fait état de près de 200 000 sinistrés.
Au Guatemala, on dénombre 18 blessés et 38 morts tandis que le nombre de sinistrés est évalué à 154 000 personnes, au Honduras, la Commission permanente d’urgence ou Comisión Permanente de Contingencias (Copeco) a évalué le nombre de sinistrés à 70 000. Parmi les régions les plus affectées, on retrouve les provinces de Choluteca et de Valle situées au sud du pays. Au Guatemala, le pays se trouve toujours en état d’alerte maximum. « La situation est très grave », a signalé la porte-parole du bureau de Genève, Elisabeth Byrs, en précisant que ces chiffres risquaient d’être revus à la hausse au fil des jours d’autant que les précipitations sont toujours aussi importantes. Elisabeth Byrs a précisé que « la OCHA (Le bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires) travaille étroitement avec les gouvernements d’Amérique Centrale et les organismes humanitaires de la région pour évaluer les besoins immédiats. Le Salvador a d’ores et déjà réclamé de l’aide au niveau international, le 19 octobre, et a instauré dès le 16 octobre l’état d’urgence. L’ONU s’apprête à lancer un appel aux dons et a sollicité le soutien du Fonds central d’intervention d’urgence des Nations unies afin qu’il débloque une somme d’argent au plus vite ». Dix fleuves guatémaltèques connaissent une hausse de leur niveau, alors que les volcans Santiaguito et Fuego sont placés sous haute surveillance en raison d’une reprise d’activité, a déclaré Elisabeth Byrs.
Ces conditions météorologiques extrêmes n’ont pas épargné le Mexique (Amérique du Nord) et plus précisément la région de Tabasco, puisque ce sont 205 000 individus qui ont été affectés, selon des chiffres communiqués par la Direction générale de la protection civile du gouvernement d’État. Durant une visite effectuée jeudi dans la région, le président de la République Felipe Calderón avait fait état de 120 000 sinistrés, soit un chiffre inférieur à celui présenté par les secouristes.
Roberto López, directeur de la Protection civile de Tabasco a assuré qu’au moins 200 000 personnes ont subi les conséquences de ces inondations qui ont affecté 16 zones urbaines sur 17 dans cet État limitrophe avec le Guatemala. Le Secrétariat à l’Agriculture estime que 223 748 hectares de cultures ont été inondés et qu’au moins 18 000 agriculteurs pourraient perdre en partie leurs récoltes. Des pertes qui pourraient être évaluées à 30 millions de dollars. Les intempéries ont fait depuis le mois de juillet 40 morts et plus de 450 000 sinistrés, selon des chiffres émis par les organismes de secours. En 2010, les précipitations diluviennes avaient fait 125 morts et près d’un million de sinistrés, avec des pertes matérielles estimées à 4 000 millions de dollars.
Au Guatemala, les autorités ont déclaré l’état de calamités au niveau national, ce sont 2 500 ha de cultures qui ont été endommagées ou totalement détruits, ce qui constitue un préjudice économique évalué à 40,8 millions de quetzales (soit 5,2 millions de dollars).
Ces pluies considérées comme inhabituelles par les experts s’abattent en Amérique centrale depuis maintenant une dizaine de jours, beaucoup craignent désormais la propagation de maladies liées aux inondations parmi lesquelles la dengue, la leptospirose, sans oublier les risques d’une épidémie de grippe liée au front froid qui touche la région. Au Salvador se sont 1 200 millimètres de précipitations qui ont été enregistrées en une semaine alors que la moyenne en cette saison est de 100, un phénomène que les scientifiques expliquent par le changement climatique en cours.
Le ministre salvadorien de l’Environnement, Herman Rosa Chávez, n’a pas hésité à déclarer « de telles pluies ne peuvent pas s’expliquer par une variabilité normale, elles témoignent bien, en raison de leur virulence, d’un changement climatique ». Selon Daniel Poleo, du service météorologique du Costa Rica, il faut également « rejeter la faute au phénomène climatique la Niña et à une instabilité atmosphérique qui touche actuellement la région ».
« Nous connaissons une résurgence d’eau froide dans l’océan Pacifique et des conditions atmosphériques anormales du point de vue de leur circulation ce qui favorise une augmentation des précipitations », a déclaré, à Bogotá, Gloria León de l’Institut d’hydrologie, de météorologie et des études environnementales (Instituto de Hidrología, Meteorología y Estudios Ambientales ou Ideam).
Le Guatemala, la Colombie et le Mexique, pour ne mentionner que ces pays, avaient déjà vécu un véritable calvaire en 2010, tous avaient été touchés par de fortes précipitations engendrant de sévères glissements de terrain et des nombreuses crues, chaque pays a déploré des centaines de morts.
Les pluies avaient également engendré de fortes pertes dans le domaine agricole favorisant la dénutrition 2 millions de personnes. Le plus fort impact a été ressenti au Guatemala ou 15 % de la population souffre de dénutrition, à cela s’ajoute les 150 000 sinistrés du mois d’octobre 2011 qui risque de connaître une période de famine, a souligné l’O.N.G. Consejo de Instituciones de Desarrollo, sachant que 40 000 familles ont perdu leurs cultures de maïs et de haricots qui servent à leur propre subsistance. Les départements de Chimaltenango, Chiquimula, Escuintla, Huehetenango, Jutiapa, Petén, Quetzaltenango, Quiché, Retalhuleu, Sololá, Suchitepéquez et Totonicapan demeurent en alerte rouge.
Au Honduras, ce sont 8 000 ha de cultures qui ont été ravagées, au Costa Rica, 20 000 ha de pâturages utilisés pour l’élevage de vaches laitières ont été détruits de même que 8 000 ha de cultures de riz, enfin au Panama se sont 157 000 q de riz qui risque d’être détruits. Avec le soutien d’hélicoptères de la force aérienne, un avion privé et des véhicules militaires, la Commission permanente d’urgence (Copeco) du Honduras a commencé à distribuer des rations de café, de sucre, de pâtes, de haricots, de farine de maïs et de farine de blé,, parmi d’autres aliments de base, à environ 50 000 personnes affectées par les pluies.
Après avoir survolé la zone sinistrée en hélicoptère ce vendredi , le président Porfirio Lobo a promis la reconstruction de milliers de maisons pour les sinistrés sans donner davantage de détails.
Les États-Unis ont expédié 47 tonnes d’aide humanitaire pour les sinistrés du Salvador, parmi le matériel envoyé, on dénombre 10 000 cuves pour stocker l’eau potable, 9 000 kits d’hygiène, 2 500 couvertures et 1 000 ustensiles de cuisine de base ainsi que des bâches. De son côté le représentant du Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (UNICEF) au Salvador, Gordon Jonathan Lewis, a remis à la première dame et secrétaire rattachée à l’inclusion sociale (SIS), Vanda Pignato, « 38 050 dollars pour venir en aide aux enfants hébergés dans des refuges ». Le Venezuela a également fait parvenir 50 tonnes de matériel en Amérique centrale pour venir en aide aux milliers de sinistrés (Nicaragua, Guatemala et Salvador) dont 16 tonnes pour le Salvador qui en a appelé à l’aide internationale.
« Nous nous unissons, en offrant notre aide modeste, mais significative, à ces peuples qui souffrent des conséquences de ces pluies, nous nous unissons à ce pont humanitaire qui a été mis en place depuis l’Amérique centrale », a déclaré le ministre de l’Intérieur vénézuélien Tareck el Aissami, depuis l’aéroport de Maiquetía. Le Venezuela a fait parvenir des médicaments, des kits de denrées non périssables ainsi que des couvertures. Il a également précisé que le pays était disposé à offrir une aide humaine en envoyant des techniciens et des secouristes sur place.
(Article rédigé par Aline Timbert)
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