Au Pérou, trois personnes sont mortes de la leptospirose et 38 autres ont été contaminées par cette maladie infectieuse causée par une bactérie, un spirochète, du genre Leptospira qui vit essentiellement parmi les rongeurs, mais aussi dans les zones où il y a de l’humidité et de l’eau. Une maladie qui s’est développée dans la région de Loreto suite aux fortes pluies, et par conséquent aux inondations qui ont frappé la zone tropicale début avril provoquant la crue du fleuve Amazone. Couvrant un peu moins du tiers du territoire, le Loreto est la région la plus vaste du pays, mais aussi l’une de celles ayant la population la plus clairsemée, du fait de sa situation géographique isolée en plein coeur de la forêt pluviale.
La transmission de la leptospirose se fait surtout par contact avec les milieux souillés, par les animaux infectés. La Leptospira est l’unique genre bactérien de la famille des Leptospiracecae appartenant à l’ordre des spirochètes. Les facteurs susceptibles d’intervenir dans l’apparition et l’évolution de cette maladie sont les suivants : les bactéries sont excrétées par les urines de certains animaux sauvages ou domestiques. La contamination de l’homme se fait par la voie transcutanée (à travers la peau) à la suite d’une excoriation (sorte de plaie) de la peau ou lors de baignades rendant la peau molle et macérée (lac, fleuve, rivière, piscine ou encore eaux stagnantes).
Juan Celis, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital régional de Loreto a souligné que la bactérie pouvait survivre longtemps dans l’eau contaminée par les urines de rats ou encore de chiens. Les individus qui se déplacent sur les eaux souillées peuvent donc contracter la maladie. Les symptômes sont alors de la fièvre, des céphalées, des douleurs musculaires, ou encore une insuffisance rénale. Mario Tavera, responsable santé à l’Unicef du Pérou a déclaré qu’après avoir visité les zones affectées de Loreto, ville située à 1000 km au nord-est de la capitale Lima « qu’il trouvait la situation préoccupante soulignant qu’il y avait des maisons totalement inondées, mais aussi des écoles, des dispensaires ou encore des parcelles cultivables. » Ce dernier a souligné qu’en plus de la leptospirose la population en particulier les enfants pouvaient être exposés « à des diarrhées, les infections respiratoires, des infections de la peau ou encore des problèmes oculaires ». Le gouvernement a déclaré au début du mois l’état d’urgence à Loreto et a fait parvenir à la population environ 100 t d’aide humanitaire. Le chef de l’État péruvien, Ollanta Humala a quant à lui déclaré aux journalistes que Loreto « n’avait pas connus une situation aussi catastrophique depuis 30 ans ».
Parmi les victimes de la leptospirose, un petit garçon de neuf ans et deux hommes âgés respectivement de 64 et 32 ans, décédés des suites de la maladie. La Direction régionale de santé de Loreto (Diresa-Loreto) a informé que 260 individus étaient suspectés d’être atteints par l’infection parmi lesquels les 38 cas confirmés. « Le risque d’attraper la leptospirose a doublé en raison des inondations », a affirmé le sous-directeur de la Diresa-Loreto, Christian Carey. Dans 90 % des cas, la maladie reste bénigne, cependant des complications sont à craindre entraînant des symptômes proches de la dengue. Selon l’épidémiologiste Carlos Álvarez l’augmentation des cas est liée essentiellement à la négligence humaine « les parents pêchent dans des eaux souillées, laissent leurs enfants nager dans les eaux contaminées. Ils lavent leurs vêtements ou font la cuisine avec de l’eau impropre et à chaque fois ils s’exposent à la bactérie leptospirose ».
Selon un rapport de la Diresa, 2502 cas d’infections respiratoires aiguës ont été répertoriés, 1103 patients sont atteints de diarrhées, rien que pour le mois d’avril. En comparaison avec un mois d’avril « classique », ce sont 2300 personnes en plus qui ont consulté les services médicaux.
Mardi 1er mai, une campagne en faveur des sinistrés a été réalisée par l’association des Scouts du Pérou et la Brigade internationale de secours Tlatelolco, aussi connu sous le nom de Topos de México. Le chef scout au niveau national, Víctor Cuestas, a précisé que le but de l’initiative était d’unir ses forces pour soutenir la population amazonienne qui souffre des aléas météorologiques. « C’est pourquoi les scouts du Pérou somment contents de travailler avec les Topos de México, nous savons que nous partageons les mêmes objectifs à savoir aider notre prochain sans rien attendre en retour. Ce n’est que le début, car nous réaliserons d’autres activités ensemble au bénéfice de la communauté », a-t-il déclaré. D’autre part, la brigadista Caroll Chaman, a précisé que les personnes souhaitant aider à la campagne (durée de 23 jours) pouvaient remettre des vêtements, des médicaments, de l’eau potable ou encore des aliments non périssables afin qu’ils soient distribués aux sinistrés. Depuis le début de la saison des pluies en novembre 2011, les précipitations à Loreto ont fait trois morts, 174 678 sinistrés, des chiffres émis par l’Institut national de défense civile (Indeci).
L’Espagne, par l’intermédiaire de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) en collaboration avec la Croix-Rouge espagnole ont décidé de porter assistance à près de 450 familles frappées par les intempéries dans la province de Maynas, dans la région de Loreto, a informé la propre agence au moyen d’un communiqué de presse émis le 26 avril. Cette aide humanitaire devrait permettre de porter assistance à près de 2250 personnes des districts de Maynas, Belén, Puchana, San Juan Bautista et Mazán, qui ont été contraintes d’abandonner leurs foyers inondés, pour trouver refuge dans des abris de fortune mis en place par les comités de défense civile. Les sinistrés recevront ainsi des kits d’hygiène, des couvertures, des matelas, des moustiquaires, des pastilles permettant la purification de l’eau, des réservoirs, mais aussi un livret informatif sur les mesures sanitaires à adopter, de même qu’un soutien psychosocial. La province de Maynas est considérée comme une zone à risque durant la saison humide. Cette année, les rivières et fleuves qui la traversent ont connu une crue historique, la plus importante depuis 20 ans, des mauvaises conditions météorologiques qui ont affecté des populations démunies dont les habitations sont souvent construites à proximité des cours d’eau. Selon des informations officielles, la région de Loreto est la plus touchée par les intempéries au niveau national, cependant les données doivent encore évoluer dans les prochains jours. L’isolement de certaines populations et le manque de transports ne permettent pas toujours d’établir un décompte précis du nombre d’individus touchés par ces pluies diluviennes et les conséquences liées au phénomène.
Outre la menace que représente la leptospirose, les autorités craignent aussi une épidémie de dengue, mi-avril les autorités ont pris la décision de fumiger près de 87 000 maisons de la ville d’Iquitos (capitale du Loreto) dans le cadre d’une campagne de prévention menée par la Direction régionale à la Santé (Diresa). Comme l’a souligné Carlos Álvarez « La campagne de prévention a débuté en mars avec l’arrivée des précipitations, les pluies constantes pouvant favoriser la multiplication du moustique porteur du virus de la dengue (Aedes aegypti) ».
Il n’existe à l’heure actuelle aucun vaccin pour lutter contre cette maladie, mais de nombreuses études multidisciplinaires sont en cours. Les seuls moyens de lutte existants sont le contrôle des moustiques vecteurs dans les zones concernées et la protection individuelle contre les piqûres de moustiques.
La dengue est une maladie qui affecte principalement les populations urbaines vivant dans les zones tropicales. Elle est engendrée par quatre types de virus, transmis par le moustique Aedes Aegypti, la maladie provoque de la fièvre ainsi que des douleurs intenses dans les muscles et articulations. Si la forme la plus bénigne ne présente aucun risque majeur pour la santé, une nouvelle forme de la maladie causée par l’un de ces quatre virus peut être à l’origine d’une hémorragie mortelle.
La mesure principale consiste à décontaminer les eaux stagnantes qui favorisent la prolifération des moustiques. Parmi les autres risques infectieux le Loreto doit se prémunir du choléra, des spécialistes ont souligné que le manque d’eau potable pouvait être à l’origine d’une contamination, les communautés consommant par la force des choses une eau impropre. Les autorités sanitaires ont invité la population à boire de l’eau préalablement bouillie et à protéger les aliments.Le choléra est une toxi-infection entérique épidémique contagieuse due à la bactérie Vibrio cholerae, ou bacille virgule, découverte par Pacini en 1854 et redécouverte par Koch en 1883. Strictement limitée à l’espèce humaine, elle est caractérisée par des diarrhées brutales et très abondantes (gastro-entérite) menant à une sévère déshydratation. La forme majeure classique peut causer la mort dans plus de la moitié des cas, en l’absence de traitement (de quelques heures à trois jours).
La contamination est orale, d’origine fécale, par l’eau de boisson ou des aliments souillés.
D’autres régions du Pérou sont actuellement frappées par de fortes précipitations, c’est le cas dans la région andine d’Ayacucho où l’état d’urgence vient d’être déclaré pour une durée de 60 jours. Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence dans les districts des provinces de Sara Sara et Víctor Fajardo, dans le but de mener à bien des actions immédiates destinées à porter secours aux populations concernées et à réhabiliter les zones touchées par les pluies. Le gouvernement régional de Ayacucho, les municipalités locales et l’institut national de défense civile (Indeci) ainsi que le ministre au logement, à l’assainissement à l’agriculture, à la défense ont mis en place des actions immédiates pour répondre à l’urgence. Selon le service national de météorologie d’hydrologie du Pérou (Senamhi), les pluies intenses débutées en janvier 2012 ont provoqué de nombreuses inondations, glissements de terrain menaçant plusieurs provinces de Ayacucho.
Le décret Suprême N° 047-2012-PCM, publié dans le Journal officiel El Peruano, inclut les districts de Sara Sara, Corculla, Colta, San Javier de Alpabamba, Marcabamba, San José de Ushua, Oyolo, Lampa, Pararca et Pausa, situés dans la province de Páucar del Sara Sara.
Des inondations se produisent annuellement dans les régions orientales du Pérou dont les fleuves alimentent le bassin amazonien, ces derniers peuvent enregistrer des crues de près de 10 mètres.
(Aline Timbert)